Historique de la médiation humaniste au Cmfm
En 1984, à la demande de Robert Badinter, alors Garde des Sceaux, qui souhaitait « humaniser la justice », la Justice française a cherché à promouvoir la participation du citoyen pour retrouver la paix dans le cadre de plaintes liées à des conflits le plus souvent interpersonnels ; au-delà, Robert Badinter souhaitait que la notion de « réparation » des parties, située au fondement même de la Justice, retrouve toute sa place dans le fonctionnement et les décisions judiciaires.
La médiation, encore grande inconnue en Europe à l’époque, fut instaurée dans le cadre pénal, en tant que mesure de réparation, particulièrement dans les cas de violences interpersonnelles. Jacqueline Morineau a mis en place cette mesure pionnière puis, en 1987, a créé le Cmfm (Centre de Médiation et de Formation à la Médiation) pour sa mise en œuvre auprès du Parquet de Paris. Un processus original de médiation a été peu à peu élaboré, pratiqué continûment depuis dans le cadre pénal, puis s’est ouvert parallèlement dans les années 1990 à d’autres domaines : scolaire, familial et social, tant au niveau national qu’international.
Cette longue pratique de terrain a permis au Cmfm d’identifier les demandes et les besoins des personnes en conflit et de développer une approche spécifique pour y répondre. Une pédagogie originale de la formation à pratique de la médiation a été élaborée et développée. Le Cmfm a formé en France jusqu’en Nouvelle Calédonie et à l’étranger, en particulier en Italie mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Afrique de l’Ouest et au Brésil, de nombreux médiateurs dont la pratique s’exerce dans tous les domaines. Un programme d’éducation à la paix par la médiation, lancé et promu par le Conseil de l’Europe, a été développé pendant de nombreuses années en Europe et en particulier suite aux guerres en ex- Yougoslavie.
Cette approche spécifique et originale de la médiation a d’abord été caractérisée par l’expression « l’esprit de la médiation », titre du premier ouvrage de Jacqueline Morineau, puis le terme de « médiation humaniste » s’est imposé peu à peu, parallèlement à un effort de conceptualisation. Un premier travail de réflexion collective sur la médiation humaniste a été entrepris au long de l’année 2011 par les médiateurs du Cmfm, travail qui a abouti à la rédaction de la Charte du Cmfm. Puis, à la suite d’un colloque tenu en 2011 également, s’est constitué en 2012 autour de Jacqueline Morineau un groupe dit CRMH (Centre de Recherche sur la Médiation Humaniste) qui a cherché à préciser le cheminement personnel induit par cette forme de médiation ainsi que son impact sociétal, en tant que processus d’humanisation réciproque. Cette réflexion a donné lieu à un article du collectif CRMH et au livre de Jacqueline Morineau intitulé La médiation humaniste, un autre regard sur l’avenir (Erès 2016).
La médiation humaniste est ainsi le fruit d’un long travail de terrain doublé d’une réflexion sur sa spécificité.